13 mai 2013

Mon récit d'accouchement


Nous sommes arrivés à l’hôpital à 5h30 du soir. On m’installe dans une chambre. Je ne suis même pas dans une salle d’accouchement, car il y a déjà quatre femmes en travail. Une infirmière vient m’examiner. Après vérification de mon col, je suis dilatée à 2 cm et effacée complètement. J’ai bel et bien crevé mes eaux. Je n’en reviens pas! Ce moment tant attendu… est enfin arrivé. Dans quelques heures, je vais avoir ma belle petite cocotte sur moi! Je suis émotive et nostalgique! 15 minutes plus tard, l’infirmière vient poser deux capteurs sur mon ventre... un pour faire le tracée des battements de cœur de notre bébé et voir son rythme cardiaque ! Ça dure environ 20 minutes et pendant ce temps, elle me demande d’appuyer sur un bouton chaque fois qu’elle bouge, mais elle ne bouge pas du tout. Par chance que je sais que son petit cœur bat, car je serais inquiète. Elle doit se préparer à sortir… ce sera une dure épreuve pour elle aussi. Je me motive en me disant qu’on fera chacune notre petit bout de chemin afin de se rencontrer! L’autre, c’est pour détecter mes contractions. Il paraîtrait que j’en ai, mais je ne les sens pas encore. Zéro douleur. Je suis très contente… si ça peut rester comme ça ! Ma mère elle, ne les a jamais senties non plus…  Y’a rien là accoucher ! Pfff… ouais attend, t’as rien vu ! Le tracée de son rythme cardiaque est supposé apparaître sur l’écran, mais l’ordinateur ne semble pas fonctionner. L’infirmière vérifie, revérifie, branche et débranche… fait appel à une autre infirmière… ça ne fonctionne pas. Elles le font finalement imprimer sur du papier. Ludo et moi on réalise alors que c’est peut-être à cause qu’on utilise nos cellulaires pour envoyer des messages textes. Peut-être que les ondes y sont pour quelque chose. Peut-être que ça fait de l’interférence. On ferme alors nos cellulaires. L’infirmière revient et comme par magie, tout d’un coup, ça fonctionne. On se regarde et on rit intérieurement. Oops… haha! Après ça, elle revient me dire de me mettre à l’aise… que je peux marcher, faire du ballon si j’en ai envie, demander de prendre un bain… les infirmières sont très à l’écoute et très respectueuses. On m’avait dit aussi que l’unité des naissances de l’hôpital de Ste-Agathe était très réputée… et c’est peu dire! On apprivoise les lieux tranquillement, j’en profite pour écrire toutes mes questions avant de les oublier. Comme on est ici pour y rester, mon chum s’en va chercher les valises dans la voiture et fait quelques appels en même temps pour donner des nouvelles à nos familles respectives. On s’amuse à prendre des photos, Ludo et moi. On jase, on rigole, tout va bien! Pour l’instant du moins… ça coule encore beaucoup, je continue à perdre du liquide amniotique. On m’a mis une géante serviette sanitaire en arrivant à l’hôpital et je dois la changer régulièrement. C’est assez chic merci, surtout avec la belle jaquette bleue ! Je demande à Ludo d’aller demander un ballon d’exercice. Aussitôt dit, aussitôt fait ! On m’en apporte un… je l’aime bien ce fameux ballon ! Il m’aura été très utile en fin de grossesse ! Je saute, je roule, en espérant que ça travaille un peu. L’infirmière revient souvent nous voir, elle répond à mes questions, aussi nombreuses soit-elles… elle est vraiment très gentille ! On commence à avoir faim… il est 7h et on n’a toujours pas soupé. Chéri et moi descendons au rez-de-chaussée pour voir ce qu’il y a à la cafétéria… mais les 2 on n’est pas tellement « bouffe d’hôpital »…  Menu du jour : Bavette de bœuf… à première vue ça a l’air appétissant… jusqu’à ce que la fille dise à mon chum : « Veux-tu voir à quoi ça ressemble avant? » Hummm ouin je vois le genre… ça donne pas trop le goût ! Ok alors pour ce soir ce sera des sandwichs… et puis demain, on verra ! Il est rendu presque 8h du soir. Je suis curieuse de savoir si je suis un peu plus dilatée qu’à mon arrivée… l’infirmière m’a dit qu’elle allait limiter le plus possible les examens vaginaux étant donné que j’ai crevé les eaux, donc pour ne pas que je fasse d’infection… mais que d’ici une heure, elle viendrait vérifier. Une autre infirmière vient et me demande si j’ai des contractions. Non, vraiment pas… elle me dit de les noter quand je vais commencer à les sentir. Il a fallu qu’elle dise cela pour que je commence à n’en ressentir…  7h50pm, première contraction, très supportable, rien d’hyper douloureux, sensiblement pareil comme quand j’avais des fausses contractions. Ludo et moi on fait des allers-retours dans le corridor tout en regardant les multitudes de photos de bébés accrochées au mur ! J’ai siiiiii hâte ! Oh… petites contractions par ci, par là… j’en ai aux 5 à 10 minutes environ ! On les a notées (7h57, 8h04, 8h10, 8h20, 8h25…) Mais elles ne sont vraiment pas fortes… ni régulières. « Sur une échelle de 1 à 10, comment qualifierais-tu ta douleur présentement? », me demande l’infirmière. « Bof… mettons 1 ou 2! »

On me fait un examen vaginal… mauvaise nouvelle, je suis toujours que dilatée à 2 cm. On commence à me parler de plus en plus de l’ocytocine (pitocin), une hormone qui a comme faculté de faire accélérer l’accouchement en faisant contracter les muscles de l’utérus. Cela fait déjà 4 heures que j’ai crevé mes eaux et rien ne se passe. Après 18 heures, il y a des risques d’infection, autant pour moi que le bébé. Il faut que quelque chose se passe. On me demande si je veux qu’on me l’administre tout de suite… ou si je préfère attendre encore un peu. Ma première décision à prendre et je ne sais pas quoi faire. D’une manière ou d’une autre, je comprends bien que je n’aurai pas le choix de l’avoir ! Je regarde mon chum et je dis : « Je sais passssss… » Je n’ai vraiment pas envie d’être provoquée… j’ai entendu dire que les contractions sont beaucoup plus douloureuses, mais que le travail se fait beaucoup plus rapidement. Ah pis d’la « schnoute », rendue là… je veux juste accoucher. L’infirmière arrive avec ses seringues, ses aiguilles, son tuyau et tout le tra la la… elle me dit de regarder mon chum, de penser à autre chose, que ce ne sera pas très agréable. Elle tâte mon bras, cherche une bonne veine… rentre son aiguille, gosse dans mon bras, encore et encore… ahhhhh : « Ça y est, c’est fini? » - « Malheureusement, me répond-elle, il va falloir que je recommence. » Pas sérieux… prise 2… après une minute qui me paraît une éternité… : «Tu es rendue à insérer le tuyau dans mon bras là? » - « Je suis désolée, ça n’a pas fonctionné encore… » Je fais des gros yeux. « Tu vas avoir une petite ecchymose, je vais avoir mon droit d’auteur dessus! », dit-elle en riant. Pas envie de rire… Elle quitte la chambre. Je dis à mon chum que j’ai changé d’idée, je ne veux plus recevoir le pitocin… mais il est pas mal trop tard. Une autre infirmière arrive. Je suis un peu mêlée… il me semble que ça change toujours d’infirmière !  En tout cas, au moins elle, elle l’a eu du premier coup ! Donc prise 3 et je dois maintenant me déplacer avec un poteau, un soluté et pleins de fils. Comme dans les films ! Pas évident d’aller à la toilette quand la salle de bain mesure 3 pieds par 3 pieds…

OUF que je confirme ce que j’ai dit plus haut. Instantanément, les contractions se font de plus en plus rapprochées et surtout, extrêmement douloureuses. Sur son échelle, je suis pas mal à 9 et bientôt à 10! Et je vais même dépasser le 10! C’est juste insupportable… sérieux, je veux mourir. Mon chum regarde le moniteur et voit les chiffres monter. Quand je suis arrivée à l’hôpital, ça n’avait jamais été plus haut que 35 environ. Là je tape le 127 !! Pitié, que ça finisse ! Et c’est juste le début… il est rendu minuit… je n’accoucherai donc pas le 17 août, mais fort probablement le 18… et tôt le matin, je l’espère bien! Au moment où je sors de la salle de bain, une nouvelle infirmière se présente à moi. Elle travaille de nuit et c’est elle qui sera présente pour m’accompagner pendant mon travail. Désolée, mais je ne suis plus vraiment d’humeur à piquer une jasette. JE SOUFFRE !

Je souffre...


Je ne sais plus comment me placer. J’essaie de trouver une position plus « confortable », si on peut dire. Elle me dit de sonner s’il y a quoi que ce soit. Ça va pas là… oh non j’en sens une autre qui s’en vient… arghhhhhh… je me mets à genoux par terre et je m’accote la tête sur le lit d’hôpital. Et je sonne. Et je re-sonne. Et je re-re-sonne. Merde elle est où! Pourquoi elle n’arrive pas? Je ne me supporte plus! J’ai envie de pleurer! Je veux la péridurale! Elle entre enfin dans la chambre… me voit par terre, pliée en deux. Elle me propose à la place de m’asseoir sur le ballon pour m’accoter sur le lit. Je lui dis que ça fait plusieurs fois que je sonne… et pas de réponse. Évidemment, il fallait que la sonnette soit brisée! Y’a rien qui semble fonctionner aujourd’hui! Elle doit revérifier mon col, qui n’a malheureusement toujours pas bougé. Elle me dit que je dois être minimum dilatée à 4 cm pour pouvoir avoir la péridurale. Elle me propose par contre une autre alternative, car elle voit bien que ça ne va pas du tout… alors elle me donne une première dose de calmant et m’explique que ça ne m’empêchera pas d’avoir des contractions, mais que cela va me permettre d’être plus détendue… la première dose est la plus forte et ensuite, je peux en redemander aux demi-heures, car cela ne fait pas effet longtemps! Wowww, ça fait effet vraiment rapidement par exemple! En quelques secondes, je me sens tout d’un coup relaxe, zen… on dirait que je flotte sur un nuage… je déparle, je vois double, je me sens un peu comme si j’étais buzzée! On dirait que j’ai fumé une substance illicite haha! Et comble de bonheur, je ne sens même plus mes contractions! C’est la seule demi-heure que j’ai pu somnoler un brin… et mon chum en profite aussi pour dormir, se sentant désormais moins coupable que lorsque je souffrais terriblement. Alors j’applique ses paroles à la lettre et j’en redemande une dose à chaque demi-heure. J’ai eu trois doses en tout. À la quatrième, elle m’examine à nouveau… et puis avec un grand sourire, elle me dit : « Oh ma chère, tu es rendue dilatée à 4 cm! » AMEN! 7 heures plus tard… il était temps!

Ça a sortit tout seul : « Laisse faire ton calmant, pis donne-moi l’épidurale tout de suite! » Héhé… ça m’inquiétait tellement d’avoir la péridurale avant de vivre le calvaire des contractions… je ne la voulais pas, j’avais peur que ça fasse mal, peur de paralyser, peur qu’il puisse y avoir des effets secondaires, autant sur moi que sur le bébé… mais bon, rendue là, n’importe quoi pour que ça finisse ! Alors elle me rassure et me dit en riant que le mythe du tatouage dans le bas du dos est faux! Je me sentais un peu niaiseuse en lui posant la question! Elle m’explique que je ne sentirai plus mes jambes et que je ne pourrai plus me lever, donc qu’elle devra m’installer une sonde pour que je puisse y faire mes besoins. Bof… encore une fois je me dis : « Rendue là… » Ça prend quand même plusieurs longues minutes avant que l’anesthésiste soit disponible pour venir me donner la péridurale. Il doit être environ 3h du matin. J’avoue avoir perdu un peu la notion du temps. Bon… je dois m’asseoir le dos rond et surtout, NE PAS BOUGER… ah! Plus facile à dire qu’à faire! Je pense qu’elle me l’a répété 3 ou 4 fois… : « Il ne faut vraiment pas que tu bouges quand je vais entrer l’aiguille… si tu sens que tu es sur le point d’avoir une contraction, dit-le moi… ». Évidemment, alors qu’elle me pique, je sens une contraction qui s’en vient… une bonne… je me concentre et tout ce que je peux faire c’est fermer les yeux, serrer les poings et prendre de grandes respirations! Oui, mon chum a l’air impuissant ! Pauvre petit, il ne sait plus où donner de la tête. Il a de la misère à me voir souffrir ainsi, voudrait bien me supporter et m’aider, mais est en même temps très épuisé et complètement déboussolé. Finalement, je n’ai rien senti pendant qu’elle me piquait. Mes peurs se sont également envolées. Quelques minutes plus tard, mes jambes commencent à devenir lourdes. Je ressens encore des contractions, mais elles sont un peu plus tolérables.

2 heures plus tard, on passe voir comment je vais et on revérifie l’était du col et si le travail a avancé un peu… : « Super ça! Tu es rendue à 7 cm! Courage ça s’en vient! » Enfin une bonne nouvelle! Et le soleil commence à se lever tranquillement en plus! Je vois la lumière au bout du tunnel! Il est tôt, probablement 5 heures du matin et des poussières, mais Ludo décide d’aller appeler ses parents pour leur dire que le travail avance. Ils sont lève-tôt alors… et de toute façon, ils n’ont probablement pas dormi de la nuit. Alors il descend en bas et pendant ce temps, j’ai l’impression de recommencer à sentir mes contractions. Et je suis capable de bouger mes jambes un peu. Comme si la péridurale ne faisait plus si effet que ça…

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